Orlan Ayaden est un traileur réunionnais de 34 ans, ancien militaire, qui a découvert sa passion pour la course à pied pendant son service, d'abord en pratiquant des formats courts comme le cross et le 10 km. C'est en 2018, lors d'un séjour en Nouvelle-Calédonie, qu'il s'est vraiment lancé dans le trail, séduit par les paysages et la diversité des terrains.
Après sa troisième tentative, Orlane a brillé lors du Grand Raid 2025 en remportant La Mascareignes, une épreuve de 70 km avec plus de 3 800 m de dénivelé positif, dépendant de Hell-Bourg à Saint-Denis. Il a terminé en 8 h 42 min 46 s, prenant la tête dès le Chemin Ratinaud après un départ prudent, et a conservé cet avantage jusqu'à l'arrivée au stade de La Redoute, avec une vitesse moyenne d'environ 9,1 km/h.
Revenons avec lui sur sa victoire et son parcours dans cet échange privilégié.

Peux-tu nous raconter ta course de A à Z, depuis le départ jusqu'à la ligne d'arrivée ?
C'est un cours très technique et difficile, avec de fortes variations de température : un début très froid puis une suite de cours très chaude. C'est un grand mélange de difficultés, d'émotions et de plaisir. Il y a énormément de monde, beaucoup de public, et c'est vraiment une expérience folle et unique à vivre.
Quel a été le moment le plus difficile durant la course, et comment as-tu réussi à le surmonter ?
Le passage dans le sentier de La Cala m'avait un peu d'inquiétude, mais finalement tout s'est bien passé. J'avais bien préparé ce moment et j'étais en pleine forme. Le seul coup de stress a été quand j'ai vu le deuxième à seulement deux minutes derrière moi. J'ai su rester calme pour me remotiver, pris un gel Ta caféiné, et j'ai accéléré un peu l'allure. J'ai finalement creusé un écart de 7 minutes sur la suite du parcours.
Globalement, je n'ai pas ressenti de coup de fatigue. J'ai été vraiment à 100% tout au long de la course, en gérant parfaitement mon effort pour me sentir bien jusqu'à l'arrivée.
Tu nous as parlé de ton entourage et de tes amis présents aux ravitaillements, est-ce que cela a eu un impact puissant lors d'un moment décisif de la course ?
À chaque ravito, je repartais remotivé à 100%. Ma femme a réussi à être présente sur la plupart des ravitaillements. Même dans les Mafates, j'avais mes amis à mes côtés, et ça m'a vraiment donné la motivation de garder ma première place. Le public, très nombreux sur ce parcours, sait encourager le premier avec une énergie incroyable. Parfois, je repartais un peu trop vite, porté par l'émotion et les encouragements, et il fallait savoir calmer mon enthousiasme, rester concentré et garder de l'énergie pour la suite.
Mais c'est clair que les ravitos, les amis, la famille et le public m'ont vraiment poussé à rester en tête tout au long de la course.

Comment as-tu géré ton hydratation et ta nutrition durant ce cours ?
Tout s'est super bien passé du point de vue nutrition. Je prenais un gel toutes les 50 minutes et un petit morceau de gomme à faire fondre dans la bouche toutes les 20 minutes. J'avais également une flasque d'iso. Aux ravitaillements, je prends deux capsules de sel pour rester bien hydraté tout au long de la course.
As-tu un rituel avant la course ?
La veille ou dans les jours précédant ma course, j'aime bien faire pas mal de mobilité et un peu de yoga pour me ressourcer, me reposer et me mettre dans ma bulle. Mais généralement, dans les derniers jours, on a vraiment envie de tout donner.
J'aime aussi essayer de me visualiser pendant la course, imaginer que je suis en première position, revivre mentalement le parcours. Cela me motive énormément.
Quelles sensations as-tu ressenties en franchissant la ligne d'arrivée ?
C'est vraiment très émouvant. Il y avait mes amis, ma famille, tous mes collègues de l'armée. Mais c'est vrai que tout va très vite : on arrive à chaud, encore plein d'émotions, le sac à dos sur les épaules, et on vient à peine de réaliser ce qui vient de se passer que les gens viennent te poser des questions, tu fais le podium, etc.
C'est vraiment plus tard que j'ai réellement compris et réalisé ce que je venais d'accomplir. Je me suis un peu repassé la course en tête, j'ai pris le temps d'analyser à chaque instant et je suis vraiment fier de cette performance. C'est la troisième fois que je la fais, et c'est seulement à la troisième tentative que je décroche le podium. C'est vraiment une course technique, pas facile à gagner du premier coup. Elle exige un entraînement et une discipline particulières pour la maîtriser dans sa totalité.
Mais c'est vrai que je ne peux pas m'empêcher de ressentir un petit vide maintenant que je me suis entraîné dur pour cet objectif et que je l'ai atteint.
Comment as-tu ajusté ta récupération après une telle course ?
Cela passe avant tout par la nutrition : bien manger, avec des légumes, des féculents, des protéines, et recharger en glucides. Je continue aussi à prendre une petite cure de gélules BCAA et de vitamines Ta pour recharger en énergie.
Du côté de l'hydratation, je bois beaucoup, je prends des électrolytes et des capsules de sel Tā également. C'est très important de faire tout cela correctement pour bien récupérer. Pour ma part, cette routine fonctionne vraiment bien et m'a permis de me remettre rapidement de la course.
Comment et quand envisages-tu de reprendre ton programme d'entraînement pour la saison à venir ?
J'ai fait mon premier footing une semaine après l'événement, donc je suis content : la récupération a été efficace, ce qui m'a permis une reprise vraiment réussie avec de bonnes sensations.
Pour mes prochains entraînements, je vais partir dans une semaine aux îles Aurupa pour m'entraîner pendant quatre semaines. Là-bas, je vais surtout me concentrer sur du renforcement musculaire et un peu de course à pied, mais sur du sable pour limiter les contraintes musculaires.
Quels sont tes prochains objectifs ? Comptes-tu changer quelque chose dans ton programme d'entraînement ?
Pour mes prochains objectifs, j'aimerais vraiment bien participer au marathon du Mont Blanc ainsi qu'au trail des Bourgogne sur la distance de 110 km. Jusqu'au marathon du Mont Blanc, je pense garder le même type d'entraînement. Je continuerai de travailler ma vitesse de course, la technicité, pour être le plus à l'aise possible sur les passages techniques très présents dans ces montagnes, ainsi que le dénivelé, qui est primordial sur ce type de format. Après le marathon du Mont Blanc, j'augmente progressivement le kilométrage au fil du temps et je m'habituerai aussi à manger davantage pendant mes sorties, pour entraîner au maximum mon estomac à supporter l'effort !

