À 30 ans, Corentin Play incarne la passion du sport et l'engagement au quotidien. Père de deux enfants, il vit à Saint-Étienne, où il exerce la profession exigeante d'officier chez les sapeurs-pompiers.
Corentin partage avec sa compagne Candice, un goût prononcé pour les activités de plein air : parapente, ski de randonnée, canyoning ou encore VTT. Au fil des années, il a exploré de nombreux sports et s'est vite aperçu de ses facilités, notamment lors des sorties VTT où il enchaînait les longues distances sans difficulté. À cette époque, la performance n'était pas sa priorité. Il pratiquait avant tout pour le plaisir et le dépassement de soi.
Le tournant s'exerce à la naissance de leur premier enfant. Consciente que leur temps serait désormais plus compté, Candice lui a suggéré de se tourner vers la course à pied, une discipline plus facile à intégrer dans un emploi du temps chargé. Corentin s'est rapidement pris au jeu. Soutenu et encouragé par Candice, qui lui concocte des programmes d'entraînement et l'inscrit à ses premiers parcours de 10 km, il a commencé à décrocher ses premiers podiums sur des sentiers locaux. Progressivement, il a gravi les échelons, toujours épaulé par Candice, qui continue aujourd'hui de construire ses plans d'entraînement, de lui apporter un soutien mental en béton et de faire l'assistante à chacune de ses courses.
Grâce au soutien inconditionnel de sa compagne et à sa passion pour le sport, Corentin ne cesse de se dépasser, alliant vie de famille, carrière professionnelle et exploits sportifs. Cette dynamique l'a récemment mené à une victoire marquante : il a remporté la première place de l'Ultra Trail de Saint-Jacques par UTMB en 13:43:05", une performance qui marque une nouvelle étape dans son parcours et que nous vous invitons à découvrir à travers cette interview.
Comment se prépare-t-on à un ultra-trail ? À quoi ressemble ta semaine type avec une vie de papa à côté ?
Il est certain qu’il existe un idéal, mais j’adapte beaucoup mes semaines d’entraînement en fonction des aléas de ma vie personnelle. Il m’arrive parfois de planifier une sortie et de devoir l’annuler au dernier moment ; je la reporte alors à un autre moment, tant pis si ce n’est pas optimal. D’ailleurs, je raisonne davantage en kilomètres qu’en séances précises.
En général, une semaine type tourne autour de 160 à 170 km, avec un peu plus de 15 heures de course à pied. L’idéal pour moi, c’est de commencer par un gros bloc d’entraînement de trois jours : deux sorties longues, une sortie spécifique, et parfois un ou deux footings de 45 minutes le même jour que les sorties longues. Le reste de la semaine est consacré aux footings et aux séances spécifiques, comme des sorties en côte ou des séances de vitesse sur le plat. En fin de semaine, j’enchaîne souvent un week-end choc de trois jours, pendant lequel j’essaie d’accumuler le volume de kilomètres que je retrouverai le jour J.
Quoi qu’il arrive, la vie de famille reste ma priorité ! Je pense d’ailleurs que c’est là mon secret de « réussite » : ce véritable équilibre. Pourtant, on n’a pas des enfants pour débutants ! Entre Prune et Augustin, on passe beaucoup de temps à l’hôpital et aux rendez-vous médicaux.
Peux-tu nous raconter comment tu as vécu la course, notamment ce fameux passage où tu t'es trompé de chemin et que tu te retrouve au coude à coude avec Guillaume Tiphène alors que tu l'avais distancé ?
Tout se joue sur le mental. Déjà, toute la semaine avant la course, j'avais de gros doutes sur ma capacité à finir cette épreuve. À ce moment-là, Candice a joué un rôle important en me préparant mentalement avant le départ. Grâce à elle, j'ai pu me libérer totalement et courir dans un bon état d'esprit, simplement pour le plaisir. J'ai parcouru les 40 premiers kilomètres à un rythme vraiment agréable et détendu.
Au premier gros ravitaillement, après avoir refait le plein d'énergie et fait un point avec Candice, je me sentais en forme et j'ai décidé d'accélérer un peu pour commencer à creuser l'écart avec les autres participants. Arrivé au kilomètre 70, je me sentais encore frais et j'avais environ 20 minutes d'avance sur mes poursuivants. En repartant du ravito, qui, d'ailleurs, était encore en pleine installation car je suis arrivé plus tôt que les estimations, j'ai malheureusement constaté que le parcours du 100 km n'était encore pas bien balisé. Je me suis trompé de chemin et suis parti sur le mauvais tracé. Au bout de 3 kilomètres, je m'en suis rendu compte et j'ai dû faire un demi-tour.
Le temps de retrouver le bon itinéraire, je me suis retrouvé à nouveau avec les autres concurrents. Ça a été un vrai moment difficile pour moi. Heureusement, j'ai eu Candice au téléphone, et elle m'a remotivée. Puis j'ai continué la dernière partie ; après cette erreur, je me suis accroché pour garder ma place. Je crois qu'au kilomètre 100, j'avais repris 12 minutes d'avance et j'ai finalement franchi la ligne d'arrivée en 13h43. Ce fut une course intense, avec une vraie guerre psychologique contre mes concurrents.
Comment as-tu réussi à garder ta motivation et ton énergie pour revenir en tête et finalement creuser l'écart avec tes concurrents ?
Encore une fois, c'est grâce à Candice. Je l'ai eue au téléphone et elle m'a remotivé, me donnant un vrai coup de boost. Elle a su trouver les bons mots pour me remobiliser et garder ma place en restant concentrée jusqu'au bout. Ce n'était pas évident de ne pas s'effondrer après cette erreur, mais j'ai refusé de perdre la course à cause d'un problème de balisage. J'ai repensé à tous les entraînements effectués, à la fatigue, à la gestion des enfants, à tous les efforts mis en place pour en arriver là, et je me suis remotivé pour reprendre un bon rythme et essayer de creuser à nouveau l'écart, histoire d'affaiblir mentalement mes adversaires. Mais ce fut une vraie bataille psychologique.
Comment as-tu géré ta stratégie de nutrition pendant la course ?
J'avais prévu 90 g de glucides par heure ; je les avais avec moi, mais je n'ai pas tout consommé. Au total, j'ai bu 20 litres pendant toute la course, en alternant entre boissons isotoniques, eau claire, et électrolytes. J'ai aussi pris quelques gels énergétiques pour compléter mes apports et côté solide, j'ai consommé du riz au lait fait maison. La veille de la course, Candice et moi nous sommes mis aux fourneaux pour le préparer, et franchement, tout s'est très bien passé !
As-tu un produit ou un parfum préféré parmi la gamme Tā Energy ?
J'adore les gels ! J'en prends pour presque tous mes entraînements et ils passent vraiment bien ! Mon parfum préféré hésite entre le framboise salée et le pastèque salée, tous les deux sont délicieux et rafraîchissants.
Comment est-ce que tu gères ta récupération après une telle performance ?
D'un point de vue mental, le fait d'avoir réussi ce cours m'a véritablement placé dans un état d'esprit positif, et je suis convaincu que cela contribue grandement à ma récupération.
Sur le plan nutritionnel, je veille à manger en quantité suffisante afin de reconstituer mes réserves, en privilégié notamment les protéines pour la reconstruction musculaire ainsi que les glucides pour l'énergie. De plus, avec ces semaines particulièrement chaudes, je consomme beaucoup d'électrolytes pour compenser les pertes dues à la transpiration et maintenir un bon équilibre hydrique.
Quels sont, selon toi, les atouts qui t'ont permis de faire la différence dans la dernière partie de la course et de terminer avec 12 minutes d'avance ?
Avant tout, tout se joue dans la tête, sur l'ultra, c'est vraiment 80 % de mental et seulement 20 % de physique. Il faut avoir la « gagne » et être mentalement solide. C'est vrai que le fait d'avoir commencé les pompiers très jeune, à l'âge de 12 ans, m'a permis d'apprendre très tôt à repousser mes limites physiques, jusqu'à l'épuisement, et cela m'a vraiment aidé à forger ce mental, je pense.
Ensuite, j'ai passé deux ans comme marin-pompier de Marseille, sous statut militaire. Cette période a été particulièrement exigeante : j'ai dû puiser loin dans mes ressources, et cela m'a beaucoup servi lors de ce cours, je l'ai vraiment ressenti. Je ne suis pas quelqu'un qui abandonne facilement, loin de là.
Enfin, un autre atout qui m'a aidé, c'est l'entraînement dans la fatigue. Entre les enfants et mon métier de pompier à côté, j'ai appris à m'entraîner dur, même lorsque l'énergie manque. Cette capacité à persévérer malgré la fatigue m'a été précieuse sur l'ultra.
Quels sont tes prochains défis et rêves, que ce soit en trail ou dans ta vie personnelle ?
Je sens qu'avec cette victoire, j'ai réellement franchi un cap, et ma vie est en train de prendre un nouveau tournant. Mais je ressens aussi que je peux encore progresser et plus j'augmente la distance, plus je parviens à performer. Cela me donne vraiment envie de continuer l'ultra-trail.
Pour la fin de l'année, j'ai vraiment à cœur de participer à la SaintéLyon. C'est une course que j'admire depuis mon enfance et je suis convaincu que je peux y réaliser une belle performance.
Pour la suite, des objectifs comme l'UTMB me font rêver. Ce sont de magnifiques défis qui me motivent à aller toujours plus loin et je viens d'obtenir la qualification pour 2026 !
Pour finir, en tant que jeune traileur, quels conseils donnerais tu à celles et ceux qui souhaitent se lancer sur de longues distances ou vivre une première expérience sur ultra ?
Cela ne fait que deux ans que je pratique cette activité, mais si je peux donner un conseil, c'est de bien s'entourer. Pour moi, le soutien de mes proches et de mon entourage est essentiel. Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir Candice, ma compagne, qui organise mon planning chaque jour, qui me motive, me soutient sans relâche et reste toujours présente à mes côtés. J'ai également une amie qui m'accompagne sur le plan nutritionnel, son aide pour ma diète est précieuse dans ce genre de discipline !
À mon sens, il est fondamental de s'écouter, de faire ce qui nous passionne et, surtout, d'oser rêver et de rêver grand. S'entourer des bonnes personnes et croire en ses ambitions sont les clés pour avancer et s'épanouir pleinement .